Backhaul et canaux : séparer le trafic des clients et des nœuds pour éviter d’étrangler le débit et les chutes soudaines de performance en soirée

Quand un réseau maillé sature à l’heure de pointe, la cause vient souvent d’un backhaul et des clients qui se partagent la même « autoroute » radio. La solution consiste à isoler les flux : réserver un lien rapide et stable entre nœuds, puis laisser aux appareils domestiques des voies séparées et plus tolérantes. Cette approche réduit les collisions, maintient un bon MCS (taux de modulation) et lisse la latence pendant les appels ou le jeu en ligne. Pour y parvenir, visez un maillage tri-bande ou, mieux, câblez certains nœuds en Ethernet afin d’ôter la charge de l’air. Ajoutez à cela des canaux choisis intelligemment (et non « Auto » agressif), des largeurs adaptées à l’environnement, et une puissance RF réglée pour favoriser l’itinérance. Le résultat : des soirées de streaming sans micro-coupures, des pings stables, et des transferts qui ne s’effondrent pas dès que tout le monde est connecté.

Backhaul dédié ou câblé : libérer l’air pour les appareils

Idéalement, un kit tri-bande alloue une radio 5 GHz « haute » ou 6 GHz au backhaul tandis que les clients utilisent la 5 GHz « basse » et 2,4 GHz. Ce couloir réservé évite que la TV 4K ou un téléchargement lourd ne marche sur les pieds du lien inter-nœuds. Si vous pouvez tirer un câble, un backhaul Ethernet (1 Gb/s ou multi-Gig) sur un ou deux satellites est encore plus robuste : l’air sert alors presque uniquement aux terminaux. Placez les nœuds à hauteur, en semi-ligne de vue, avec des segments courts pour garder un RSSI solide et un débit PHY élevé. Évitez les obstacles massifs (murs porteurs, miroirs, frigos) entre nœuds. Sur maison à étages, un relais en haut de l’escalier fait souvent mieux qu’un nœud enfoui dans une chambre. Ce squelette propre donne de l’oxygène aux bandes clients et stabilise la qualité perçue.

Canaux et largeurs : choisir la voie la moins encombrée

Le réglage « Auto » peut sauter de canal au pire moment. Préférez des canaux fixes validés par mesure : en 2,4 GHz, restez en 20 MHz (1/6/11 en Europe selon bruit) ; en 5 GHz, 80 MHz marche bien dans la plupart des logements, 160 MHz seulement si le voisinage est rarissime ; en 6 GHz, 80/160 MHz selon densité et portée. Si votre environnement le permet, exploitez des canaux DFS propres pour fuir les couloirs saturés — mais surveillez les bascules obligatoires en cas de détection radar. Évitez de faire cohabiter backhaul et clients sur le même canal/largeur. Laissez la 6 GHz aux appareils récents et au backhaul quand c’est supporté ; gardez la 5 GHz pour les usages sensibles à la latence (jeu, visioconf) et la 2,4 GHz pour IoT et portée. Un SSID unique simplifie l’expérience, mais un SSID invité isolé protège sans complexifier.

Puissance, roaming et QoS : fluidifier sans créer de « collants »

Une puissance trop élevée fait se chevaucher les cellules ; les clients s’accrochent à un nœud lointain (« sticky clients »). Baissez légèrement la puissance des nœuds centraux pour resserrer les cellules, et laissez une puissance un peu supérieure sur les nœuds de bordure pour attirer l’itinérance. Activez le band steering et un seuil de désassociation modéré afin que les appareils basculent plus tôt vers le point optimal. Allumez OFDMA et MU-MIMO pour mieux partager le temps d’antenne, surtout quand cohabitent téléphones, TV et consoles. Côté priorités, utilisez la QoS ou le « Device Prioritization » en réservant un budget aux flux critiques (visioconférence, console, décodeur TV) pendant les créneaux sensibles. Enfin, verrouillez la largeur du backhaul : mieux vaut un 80 MHz constant qu’un 160 MHz instable qui replie sans prévenir.

Mesurer, ajuster, valider : un protocole de tests réalistes

Ne vous fiez pas qu’au speedtest. Mesurez la latence sous charge : lancez un transfert soutenu sur un PC filaire, puis pinguez depuis le Wi-Fi et placez un appel vidéo en déplacement entre pièces. Si la gigue explose près d’un nœud, le backhaul est trop fragile ou le canal trop bruyant. Déplacez le nœud par pas de 30–50 cm, surtout près des angles et étagères métalliques : le SNR peut doubler. Testez aux heures de pointe (soirées) et notez les valeurs par pièce. Surveillez les taux de réessais, le MCS et le RSSI si l’interface le permet. Après correction (canal, largeur, puissance, placement), répétez le protocole et conservez un profil « avant/après ». Programmez un rappel mensuel : contrôle des canaux, sauvegarde de config, et vérification que le backhaul reste dédié. Avec ce cycle léger, la stabilité devient la norme et non l’exception.

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